Je travaille et enseigne depuis près de cinquante ans en Norvège du Nord et au Sahel. Malgré leurs différences culturelles, les populations de ces régions partagent de nombreuses difficultés. Éloignement des grands centres urbains, les mauvaises infrastructures et les différences culturelles et linguistiques ont souvent conduit à la marginalisation des populations du nord de la Norvège, de l’est du Niger et du nord du Cameroun. En plus des inconvénients économiques, un tel marginalisation a empêché les populations locales pendant de nombreuses années, d’accéder aux sources d’éducation et d’informations.

Mon ambition a toujours été de favoriser la connaissance et l’enseignement en vue de renforcer le pouvoir des populations locales. Tels buts rejoignaient ceux de l’université de Tromso, UiT, qui fut crée en 1972, avec le principal objectif de promouvoir les connaissances et de stimuler l’intérêt pour les études supérieures parmi des populations locales. Dès mes premières années à l’UiT, je fus particulièrement engagée dans l’étude du genre. Je lançai le « Séminaire du genre » et dirigeai le « Comité pour l’égalité des sexes ».

Depuis 1982, les activités académiques en Norvège étaient étroitement liées à des collaborations de recherche établies par le travail dans le nord du Cameroun. L’objectif était de développer une relation Nord-Sud durable, capable de créer et de diffuser des connaissances partagées avec un accent particulier sur les réseaux de privilèges, jusqu’alors inaccessibles ou inexistants. Ces objectifs ont été atteints par l’établissement du programme « Ngaoundéré-Anthropos ».

En 1997, le ministère norvégien des Affaires étrangères a financé le programme d’anthropologie visuelle de l’université de Tromsø (VCS). Outre son objectif didactique, le programme est devenu la prochaine opportunité de maintenir une collaboration interculturelle durable avec le Cameroun et d’autres institutions du Sud et de diffuser les connaissances non seulement au sein des cercles universitaires mais aussi auprès d’un plus large public.

Au cours des années 2006-2012, VCS et ses partenaires camerounais ont collaboré avec l’université de Bamako au Mali à un programme intitulé « Images avec le capital ‘I’ – Développer l’alphabétisation visuelle dans la communication interculturelle. » Le projet a été financé par l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD) à travers le Programme d’éducation artistique et culturelle (ACE).

Actuellement, VCS entretient une collaboration avec des universités du nord du Cameroun et du Mali dans le cadre du projet VISCAM, en offrant des bourses au niveau du doctorat et en permettant l’échange d’étudiants et de personnel enseignant entre le Nord et le Sud.